Hall multifonctionnel et dépôt des Archives de l’Etat
Réception : janvier 2003 (bâti-
2, avenue Thomas Edison, 7000 Mons
Architecture et stabilité : bureau d’études Greisch (René Greisch, Anne Dengis,
architectes responsables du projet, et Luc Demortier, ingénieur responsable des études
de stabilité)
Maîtres de l’ouvrage : Ville de Mons, Régie des Bâtiments

Le site des Grands Prés accueille, depuis juin 2003, un hall de grande dimension, propriété de la Ville de Mons, destiné à l’organisation de foires, de spectacles et de manifestations sportives. En sous-sol, la Régie des Bâtiments prévoit d’ouvrir, dans le courant de l’année 2005, son nouveau dépôt des Archives de l’Etat. Associés dès le milieu des années 1990, les deux maîtres de l’ouvrage confient la construction et le financement de ce projet à la Dexia Banque qui désigne le bureau d’études Greisch pour la maîtrise d’oeuvre de stabilité et d’architecture et Tractebel development engineering pour les techniques spéciales. Le bâtiment construit par la société momentanée Galère-Bemat est conçu en béton tel un navire flottant sur un terrain marécageux. Le hall, de plain-pied avec le terrain, dispose d’entrées pour le public et les camions tout à fait distinctes de celles du dépôt des Archives auquel on accède par une cour en soussol. Le gros oeuvre est en phase de réalisation lorsque, le 2 juillet 2000, René Greisch est victime d’une attaque cardiaque sur le chantier; il décède 10 jours plus tard. En son hommage et à l’initiative de la Régie des Bâtiments et de la Ville de Mons, le bureau Greisch suggère la commande d’une intégration artistique. L’idée est rapidement acceptée. Parmi les nombreux artistes pressentis, Jean Glibert est désigné selon un consensus général : le sens de sa démarche s’inscrit parfaitement dans le projet en cours. Le cadre de son intervention est précis et conditionné par l’état d’avancement du chantier. Parmi les travaux de parachèvement à réaliser, les teintes des parois à peindre et leur localisation restent à déterminer. Une réflexion sur la lisibilité du parcours des visiteurs tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du bâtiment doit également être menée. Jean Glibert entame son travail par un tracé épuré des parois intérieures en privilégiant la mise en couleur des surfaces perpendiculaires à la façade principale. Des visites de chantier mettent en évidence le manque de cohérence et de rythme de ce projet. Glibert propose alors d’appliquer la couleur sur les murs face au sens du parcours. La logique est plus claire mais une difficulté subsiste : ces parois sont parfois très longues et décalées les unes par rapport aux autres. Jean Glibert résout le problème en arrêtant les couleurs dans le prolongement de l’entrée principale du public. Ainsi, leur alignement «transperce» le bâtiment sur toute sa profondeur et sur tous ses niveaux, donnant aux visiteurs une direction forte vers l’intérieur. Cette ligne sensible et indépendante confère aux couleurs l’autonomie et la cohérence qui leur manquaient jusqu’alors. L’intervention sur la passerelle d’accès du hall et sur son auvent vitré s’inscrit dans la continuité des aménagements intérieurs mais avec une déclinaison très subtile. Les entrées extérieures superposées du hall et des Archives sont mises en relation grâce à un traitement de surfaces horizontales transparentes, réfléchissantes et colorées qui créent un espace unique et changeant en permanence au gré des variations de la lumière et de la position de l’observateur. La mise au point de ces effets repose sur la sélection minutieuse d’échantillons de verre et sur la construction de maquettes très simples de format réduit qui concentrent l’attention sur les idées directrices. Jean Glibert conçoit également la numérotation des entrées des camions dans le hall en utilisant une typographie qui se réfère à celles utilisées pour les grands hangars des chantiers navals. Le succès de cette première collaboration de Jean Glibert avec le bureau Greisch en a appelé de nombreuses autres à découvrir bientôt.

Alain Hinant