Exposition « Travaux sur papier » - Galerie Detour
Avenue Jean Materne 166, 5100 Namur
21 octobre - 21 novembre 2015
Crédit photographique : © Xavier Delory
Travaux sur papier. — Ce sont des plans. Donc des surfaces. Avec des bords. C’est de la couleur. Donc des matières et des matériaux, tantôt peinture, fût-elle vernis ou antirouille, tantôt supports, avec structures et textures, grains et grammages, plis et « déplis ». Ce sont aussi de très larges traits sur des feuilles, non sans relations avec d’autres dimensions du travail de Jean Glibert, avant tout les interventions pour l’architecture ou pour l’espace public. Ces réalisations dans le construit, dans l’habité sont exécutées au départ de représentations sur papier : formes, signes, couleurs, échelles, nords, cartouches, et intègrent des complexités : programmes, calendriers, données techniques, pratiques, budgétaires. En s’émancipant de la description, elles se lient à des contextes qu’elles modifient en exaltant leurs potentiels. Le séquençage n’est pas univoque, allant du stade du papier jusqu’à celui, via le chantier, du lieu qui fonctionne, terminé. Car dans l’autre sens, les étapes du processus peuvent être abstraites et déclinées à l’atelier, non par une sorte d’archéologie du projet, mais au jeu d’un savoir-faire s’appliquant à chaque modalité de conception-réalisation, donc aux recherches initiales sur papier. Quelque-chose de l’expérience du bâti imprègne ces dessins-peintures tracés au couteau de peintre en bâtiment, avec des nuances d’un étrange et intense raffinement, liées à la complexion de choix et de gestes nourris des virtualités de toute page blanche, en intelligence avec la chimie des produits utilisés: dans l’interaction de la main qui guide l’instrument et des aspérités sous-jacentes, les papiers réagissent des deux faces. Sur des logiques d’emplacement, de marquage, de positionnement, les formes picturales sont incorporées au papier en portant l’économie de matière à son efficace, même en transparence. Ces travaux attestent de la rigoureuse diversité du langage plastique de Jean Glibert, et sont autant d’indices des subtilités à l’oeuvre dans ses recherches.
Raymond Balau