Collège Saint-Benoît - Saint-Servais (Bâtiment Béguinages)
Réception : mai 2004
Place des Béguinages, 4000 Liège
Architecture : Artau scrl, Malmedy
Fabienne Courtejoie et Norbert Nelles, architectes en charge du projet
Sibrine Durnez, Roland Coulon et Emmanuel Pierret, collaborateurs
Maître de l’ouvrage : Collège Saint-Servais - Saint-Benoît asbl

Suite au regroupement des deux écoles, le Collège Saint-Benoît - Saint-Servais (1600 étudiants) est confronté à des problèmes d’organisation spatiale, et ce malgré une implantation sur un hectare de terrain, dans un îlot du centre-ville de Liège. Outre de rencontrer ces difficultés, l’acquisition d’un bâtiment contigu permet de tisser de nouvelles relations avec le quartier et de modifier son “adresse” pour mieux gérer les flux d’étudiants. Construit dans l’Entre-deux-guerres, l’édifice à transformer est un complexe industriel abandonné depuis la fin des années 1970. Il est constitué d’une structure lourde en béton et briques organisée autour d’une cour et comporte quatre façades mitoyennes aveugles. Le programme de réaffectation à usage scolaire prévoit d’y héberger dix-huit classes terminales de cinquième et de sixième année secondaire, des espaces collectifs pour les étudiants et des fonctions administratives. A côté des problèmes d’organisation spatiale et d’apport de lumière naturelle dans les locaux de cours, la transformation doit prendre en compte la gestion des flux internes et l’articulation des différents bâtiments de l’école afin d’éviter l’effet de ghetto des “grands”. L’attitude choisie par les auteurs de projet est de maintenir la lisibilité des constructions industrielles, d’en préserver l’aspect brut et monochrome en opposition avec leurs interventions qui se devront d’être plus soignées. De nouveaux accès et traversées ainsi que des jardins sont créés, atténuant la densité du site. Une nouvelle conscience de la géographie du Centre scolaire et de l’îlot apparaît. A l’initiative des architectes, le maître de l’ouvrage invite Jean Glibert à intervenir sur le projet. Il s’agit de contribuer à l’amélioration de la lecture du site, de créer des repères permettant aux étudiants de s’orienter dans l’ensemble du complexe, de participer par la couleur et la lumière aux aménagements. L’école est aussi un lieu rêvé pour sensibiliser des adolescents à l’art et à l’architecture, pour susciter l’éveil à la qualité de l’espace et à sa transformation notamment par la lumière. La collaboration entre le bureau Artau et Jean Glibert repose sur un travail de compréhension du site, sur des phases d’échange et d’écoute mutuels entre les partenaires ainsi que sur l’élaboration de maquettes. Cette approche oriente le travail vers une contribution basée sur l’usage et sur les pratiques des espaces. Les outils de représentation assurent dans ce cas-ci une fidélité remarquable entre discours et réalisation. Autour de la cour, la «peau vitrée» (250m2), dédoublemment de la façade existante, accueille circulations et espaces collectifs. L’utilisation des vitrages réfléchissants en façade nord crée une liaison virtuelle entre l’intervention artistique et les anciens bâtiments et agrandit visuellement la cour. Le positionnement de films pvb jaunes et rouges dans les vitrages feuilletés de la façade orientale modifie les perceptions entre intérieur et extérieur et colore les surfaces adjacentes au gré de la course du soleil et des déplacements de l’usager. La peinture blanche au sol du périmètre de la cour, d’une orthogonalité rigoureuse questionne et s’oppose à la géométrie cadastrale existante de forme trapézoïdale. Dans les quatre circulations verticales, une des parois est peinte en orange fluorescent. Outre son rôle d’orientation, la couleur, selon les configurations, souligne le paysage extérieur, qualifie des espaces ingrats, se superpose aux vitrages colorés. Des bandes noires et blanches peintes au sol déterminent les grands itinéraires de circulation des étudiants à travers le complexe et le relient au quartier. Face au terrain vague du parking Jonfosse, les mêmes couleurs signalent la présence d’une nouvelle activité derrière ce mur aveugle et met en relation ce projet avec une autre intervention toute proche de Jean Glibert, le poste électrique de la rue Pouplin. Une amorce, un signal de redémarrage pour ce quartier difficile?

Norbert Nelles